Paroles de Corinne COLLAS, Directrice développement chez Plasson

par | 9 Fév 2024

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Paroles de Corinne COLLAS, Directrice développement chez Plasson

Episode n°5 du Podcast Paroles par Monreseaudeau.fr – Corinne COLLAS

Bienvenue dans Paroles par Monreseaudeau.fr, le podcast qui plonge dans le monde fascinant de l’eau.
Je suis Arnaud HETEAU et dans chaque épisode, nous explorons les histoires inspirantes de professionnels passionnés qui consacrent leur métier à l’eau.
Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre de ces visionnaires, ingénieurs, entrepreneurs et experts pour découvrir leur motivation, leur parcours et ce qui les anime dans cet univers.
Nous plongerons au cœur de leur entreprise, explorant les produits et services novateurs qui façonnent notre relation avec cette ressource vitale, préparez-vous à être inspiré, informé et saisi par ces récits captivants qui nous rappellent à quel point l’eau est au centre de nos vies et de notre avenir.
Accrochez-vous car une aventure enrichissante débute maintenant.
Bienvenue dans Paroles par Monreseaudeau.fr.

 

Bonjour Corinne. Enchanté de t’accueillir dans le podcast Paroles par Monreseaudeau.fr.

Bonjour Arnaud, c’est moi qui te remercie de m’avoir invité, c’est avec plaisir.

 

Bienvenue. Ça me fait très plaisir parce qu’il y a longtemps qu’on se connaît ! Ça me fait très plaisir aujourd’hui de prendre du temps avec toi pour parler et échanger sur le monde de l’eau. Et ainsi partager avec ceux qui nous écoutent, un bout de ton parcours professionnel pour comprendre un peu ce qui t’anime et te passionne dans le monde de l’eau.

Et d’ailleurs, première question : Comment tu es arrivée dans le monde de l’eau ?

Arnaud, tu me fais réfléchir… parce que j’y suis depuis à peu près une trentaine d’années, ce qui ne nous rajeunit pas. J’y suis arrivée par le biais d’abord du traitement de l’eau : traitement d’eau propre, puis de l’eau usée, en RD et en recherche appliquée.

Et puis je me suis un petit peu rapprochée des produits et du monde de la distribution et j’ai rencontré PLASSON et on ne s’est plus quittés.

 

D’accord, et parce que, au départ, si je ne me trompe pas, tu étais ingénieur hydraulique ? Tu crois que c’est important d’être ingénieur hydraulique pour travailler dans le monde de l’eau ?

Ça dépend la fonction que tu vas opérer par la suite, mais en ce qui me concerne, oui.

Je suis passée maintenant de l’autre côté de la barrière, je vends des produits mais je comprends d’autant mieux les applications, les besoins, les problématiques.

Donc oui, pour moi ça me sert, et oui ça m’a servi, après je ne le suis plus et je ne pourrai plus faire leur métier, c’est clair.

 

Oui, tu as évolué.

Ce n’est pas une évolution, c’est juste un autre métier. Donc maintenant je comprends et ça m’aide à comprendre, mais je ne ferais plus de dimensionnement de réseau, ce genre de choses, je sais plus le faire mais je comprends les problématiques.

Oui, ça me rapproche des clients de mes clients et c’est un langage commun.

Car dans le monde de l’eau, il y a un langage commun qui est propre à chaque métier.

 

Tu travailles chez PLASSON tu nous as dit, tu fais quoi chez eux ?

Alors aujourd’hui, je suis Directrice développement chez PLASSON, donc ça consiste à apporter une offre produit et construire une offre produit qui soit adaptée et aux besoins des clients en France parce que moi je travaille pour la filiale France.

PLASSON a des filiales en Europe et sur d’autres continents.

 

Alors pour ceux qui ne connaissent pas PLASSON, comment tu décris PLASSON aujourd’hui, quel est son cœur de métier ?

On aura la joie de fêter ses 60 ans l’année prochaine.

Depuis toujours, son cœur de métier sur lequel il n’a pas dérogé, sur lequel il a toujours mis beaucoup de compétences et renforcé son savoir-faire, c’est créer, fabriquer des raccords en plastique pour les réseaux, en polyéthylène pour le domaine de l’eau.

Donc le domaine de l’eau au sens large, ça englobe également l’irrigation, je dirais même qu’on est arrivé par l’irrigation. Et puis pour se développer vers le domaine de l’eau potable.

Donc voilà tout type d’eau à partir du moment où il y a de la pression.

 

PLASSON est une société internationale si je ne me trompe pas. Vous avez une filiale en France, il y a combien de personnes qui travaillent chez PLASSON en France ?

En France, entre 40 et 45 personnes.

 

Donc c’est une belle équipe !

Oui, oui, une belle équipe. PLASSON en France c’est une belle histoire.

Moi j’y suis rentrée, il y a un petit peu plus de 25 ans maintenant et j’ai vu grandir l’équipe.

J’y suis rentrée pour développer l’électro-soudable dans le monde de l’eau potable.

Dans le monde du gaz, puis de l’eau potable et c’était un vrai challenge parce que on était au début de l’histoire.

 

Justement, parlons d’électro-soudable. Comment se caractérise l’électro-soudable, ça sert à quoi et comment ça fonctionne ?

L’électro-soudable ce sont des pièces rapportées qui vont permettre de souder deux canalisations en polyéthylène.

Donc tu peux le faire, soit en soudant directement des tubes l’un avec l’autre soit tu peux arriver avec une gamme de raccords qui va te permettre de réaliser cette soudure.

Et aujourd’hui, et une de mes convictions profondes depuis longtemps et ce pourquoi j’y suis encore, c’est que clairement, dans le monde de l’eau quand on apporte la soudure et un système qui apporte de la souplesse, qui élimine la corrosion ou enfin qui a tout un panel d’avantages pour la durabilité de la canalisation.

On offre une solution qui est forcément pertinente, et on s’en aperçoit de plus en plus. Et c’est pour ça que le polyéthylène rentre de façon de plus en plus technique mais également courante dans les solutions appliquées dans les réseaux.

Et en plus on a le retour d’expérience. C’était très difficile quand on a démarré parce qu’on n’avait pas le retour d’expérience.

On avait beaucoup de beaucoup de réponses qui étaient basées sur des expériences, des projections du vieillissement, de l’essai labo… Aujourd’hui, on a un retour d’expérience, enterré.

 

Donc là vous avez les preuves, les preuves sont là.

Aujourd’hui, on se sent plus à l’aise parce que nos convictions nous semblent porter leurs fruits et on peut les démontrer.

Elles sont démontrables puisqu’on on a la chance d’avoir eu un parcours accompagné par des clients ou des gens qui ont fait confiance à la technique et maintenant on a des réseaux dans le sol qui prouvent ce qu’on dit.

 

Oui, pourtant j’ai toujours été moi, personnellement surpris de pourquoi le polyéthylène ne va pas plus vite dans son développement en France puisqu’il est largement utilisé dans le gaz.

Et en termes de fluide transporté, une fuite de gaz comparée à une fuite d’eau, ça a des conséquences nettement plus importantes. Donc je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi cette expertise dans le gaz n’a pas pu aider à valoriser le polyéthylène dans l’eau potable.

Est ce qu’il y a des raisons qui expliquent cela ?

Non, je pense qu’elle a aidé quand même. Mais un réseau d’eau, ce n’est pas un réseau de gaz donc on ne peut pas transposer les expériences.

Les problématiques rencontrées par les exploitants d’un réseau d’eau ne sont pas du tout les problématiques rencontrées par les exploitants d’un réseau de gaz, même si quand il y a une casse et une fuite, effectivement il faut aller vite et réparer, ça c’est la même chose pour tout le monde. Mais en termes de conception ce n’est pas la même chose : le nombre de pièces, le nombre d’éléments qui caractérisent un réseau d’eau, c’est un peu différent de ce qu’on peut retrouver sur un réseau de gaz.

Le gaz, ce n’est pas lourd, ce ne sont pas les mêmes composants. Donc il y a des particularités, des particularismes, une histoire aussi, des habitudes, des façons de faire.

Quand on a l’habitude de faire quelque chose qu’on considère qui fonctionne plutôt bien, pourquoi changer ? Même si on est assez séduits par le système qu’on nous propose et on croit qu’effectivement il pourrait apporter encore plus d’avantages aux réseaux.

On passe toujours par des périodes assez longues de mise à l’épreuve.

Derrière, on va s’engager sur 100 ans donc c’est tous ces éléments-là qui font que petit à petit, il faut un peu de temps et les choses évoluent, bougent peut-être plus vite à certains endroits que d’autres. Parce que peut-être que certains des acteurs ont plus d’appétences pour les nouvelles technologies. Mais je pense que c’est un peu tout ça l’un dans l’autre et beaucoup d’habitudes aussi.

 

Je comprends donc ton rôle, c’est de faire du développement technique si je ne me trompe pas. C’est d’éduquer, c’est de faire connaître, de faire apprécier ?

Plusieurs rôles, d’abord un rôle très pratique on est fabricant, on doit fabriquer des produits et on doit amener une solution à travers un produit. Ça passe par des cahiers des charges, développer des produits… c’est un rôle un peu majeur et principal.

Mais ensuite effectivement, comme le polyéthylène qui encore plus de 40 ans d’existence, est encore et parfois considéré comme une technologie nouvelle parce qu’elle est assez peu connue par un certain nombre qui ne l’ont pas étendu.  Alors c’est assez majeur sur les branchements, du diamètre 32 au diamètre 63, On peut dire que c’est presque courant et au-delà, ça l’est un peu moins. Il faut encore travailler, expliquer.

Et notre rôle, parce que chez PLASSON, on arrive avec des techniques de connexion un peu particulières qui font appel au soudage, ça n’est pas compliqué mais ça demande une méthodologie. Un soudeur est un homme qui a un métier avec une méthodologie, un peu de rigueur et il doit être capable de l’appliquer sur le terrain, ce n’est pas toujours simple d’ailleurs, mais il doit l’appliquer avec le plus de rigueur possible pour un bon résultat.

Nous, on accompagne. Notre rôle, notre vision, notre manière de voir les choses, c’est de dire :

Quelqu’un qui ne comprend pas l’avantage qu’il va retirer d’un système, il ne peut pas l’appliquer correctement et donc on accompagne et en face de nous on a la chance d’avoir des gens qui sont curieux, qui s’intéressent à la technique, qui sont quand même assez impliqués dans leur métier, donc qui nous invitent volontiers.

On fait de la formation, donc on accompagne les entreprises pour former des soudeurs, on accompagne sur les chantiers, on fait de la prescription pour accompagner au niveau des directions techniques, des syndicats, des villes, des communautés de communes, des agglomérations, des métropoles, des bureaux d’études pour présenter les nouvelles technologies, les nouveaux produits, les nouvelles façons de faire.

Pour que ce soit compris et bien prescrit et prescrit en connaissance de cause.  C’est notre façon de faire, c’est un peu long, mais les gens, ils ont le droit de comprendre et de savoir vers quoi ils s’engagent. D’ailleurs, ils ont envie de le faire parce que personne ne s’engage sur quelque chose qu’il ne connaît pas. Et puis comme on l’a dit, un réseau s’est 100 ans enterré.

Donc, on ne fait pas n’importe quoi, à un moment donné, on s’engage sur une durée, une durabilité pour 2 ou 3 générations.

Tout ce parcours-là, on l’a bien intégré, c’est notre travail de tous les jours et c’est une partie de mon travail aussi avec les équipes de PLASSON.

 

Très bien, et tu as parlé de nouveautés. Est-ce qu’il y a des choses en particulier à connaître sur PLASSON aujourd’hui ?

2024 et comme le polyéthylène se démocratise de plus en plus que, de plus en plus d’entreprises ont un vrai savoir-faire et savent le mettre en place.

La partie soudée, on a parlé de l’électro-soudable mais se développe également le bout à bout qui est une technique intéressante quand on a de la place pour souder et qu’on veut faire des grandes longueurs. Parce qu’un des intérêts du PE, c’est d’avoir le moins de raccordement possible, alors ça peut paraître paradoxal parce que moi je fabrique des raccords, mais moi ça m’est égal en fait, c’était l’idée de Gaz de France au départ.

Pourquoi le PE en dehors de toutes les études qui leur avaient permis de sélectionner ce matériau, c’est que ce matériau permettait de limiter le nombre de raccordements.

Le bout à bout, ça permet de souder des grandes longueurs sans raccord rapporté.

Donc cette année, le développement du PE entraine le bout à bout avec lui et ça se développe de plus en plus. On a décidé de monter en gamme au niveau de la technologie sur le bout à bout parce que l’on voit beaucoup de machines manuelles. Il existe des machines qui contrôlent les paramètres et qui permettent une parfaite répétabilité et reproductibilité de l’ensemble du process de soudage.

Donc on va vers ça aujourd’hui, c’est ce qu’on veut proposer à nos clients pour un travail en toute sécurité, toute simplicité et surtout avec une parfaite reproductibilité pour avoir une garantie de qualité de chacune des soudures qui sont réalisées

Puis ça ne t’a pas échappé, on fait aussi de la mécanique, du raccordement mécanique parce que dans les petits diamètres, il faut se mettre à la place des exploitants, on ne peut pas souder partout.

Elle est parfaitement fiable sur les petits diamètres, et puis elle répond à des problématiques d’exploitation donc on a développé il y a une petite dizaine d’années une gamme Pushfit sur laquelle on continue de faire du développement de produits, élargissement de gamme…

On essaie d’éliminer de plus en plus le laiton pour amener des polymères un peu plus techniques donc ça fait partie des autres axes de développement.

Et puis en mécanique aussi, on a sorti une selle mécanique. Alors pour le moment elle est peut-être un peu plus dédiée au monde de l’irrigation, elle est sans boulonnerie. Parce qu’aussi aujourd’hui, il faut un produit pour lequel on n’a pas d’outils, le moins d’outils possibles parce que les opérateurs de montage ont tellement de possibilités avec tellement d’outils que ça devient compliqué.

Et on vient de développer une selle qui s’appelle la PLASSADDLE qu’on commence à bien vendre dans le domaine de l’irrigation dans un premier temps, tout plastique, absolument aucune boulonnerie.

Plus viable dans le temps, rapide à monter et compatible avec certaines contraintes de réalisation de chantier où on ne peut pas toujours souder.

 

Top. J’ai une dernière question, Corinne qui a à voir avec la place des Femmes dans le monde de l’eau. Alors je sais que c’est un sujet qui te tient à cœur et je trouve, comme beaucoup qu’on n’a pas assez de femmes dans le monde de l’eau, comment on l’explique ?  C’est une question d’attractivité du métier ?

Alors tu vois, Arnaud, j’ai commencé, ça fait presque 30 ans que je suis dans ce monde-là et on s’y régale.

J’ai commencé par l’énergie, le monde du gaz, j’y suis toujours. Mais quand j’ai commencé il y a 30 ans dans l’énergie, il n’y avait pas de femmes dans le monde de la canalisation. Du tout.

Aujourd’hui après 30 ans je me dis que je suis très contente, j’en vois, je vois des femmes de plus en plus entrer dans le monde particulier des fabricants, des BE, en production ou en réalisation, c’est encore assez rare.

C’est un monde assez masculin, mais je suis ravie quand je vois des femmes Cheffes de chantier, des femmes qui sont sur le terrain et qui font un super travail et qui sont toutes aussi compétentes.

Et moi personnellement, je n’ai jamais vraiment souffert de discrimination.

Mais ce n’est pas simple, c’est clair qu’une femme, elle doit démontrer sa compétence dans un monde d’hommes, là où certains hommes peut-être n’ont pas forcément à le faire parce que c’est reconnu automatiquement.

Ça reste encore un peu vrai, mais je trouve qu’il y a une belle évolution. Il pourrait y avoir encore plus de femmes dans ce métier.

J’en croise. Elles font un métier formidable et elles aiment le faire. C’est un monde absolument extraordinaire et la relation qu’on a avec les hommes du métier, elle est vraiment très chouette, elle est très professionnelle à partir du moment où on est impliqué, qu’on est dans l’échange. C’est un monde où il y a de bonnes relations.

 

Je suis ravi de l’entendre et j’espère que si une jeune femme qui se pose des questions sur le monde de l’eau, l’environnement, et bien que grâce à tes propos, elle ne va pas hésiter à se lancer dans cette carrière.

Non, j’en suis sûre. Et dans le monde de l’eau, il y a quand même beaucoup de femmes aujourd’hui.
Alors je n’ai pas de statistiques en tête, mais je croise quand même beaucoup de femmes, au niveau des syndicats des eaux, au niveau de l’ingénierie, là où évidemment tu vas trouver un petit peu moins de femmes c’est encore une fois, sur les chantiers et encore aujourd’hui on en trouve de plus en plus.
Des grandes sociétés de TP embauchent des femmes ; sur le terrain, elles sont un peu plus minoritaires mais c’est un super job et elles le font très bien. Donc je vois qu’il y a déjà plus en plus de femmes.
J’ai pu voir un peu l’évolution parce que voilà, maintenant j’ai un peu d’âge…
C’est la sagesse qui parle.
Merci Arnaud.

 

Merci Corinne, j’ai passé un très bon moment avec toi. À très bientôt.

Merci de m’avoir invité, à bientôt.

Un grand merci à nos invités d’aujourd’hui d’avoir partagé leur expertise et leur passion avec nous.
C’est la fin de cet épisode de Paroles par Monreseaudeau.fr.
Nous espérons que cette plongée au cœur du monde de l’eau vous a inspiré et vous a permis de découvrir de nouvelles perspectives.
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